Il est assez fréquent d'entendre que manger sans gluten est un effet de mode.
Mais la réalité est tout autre pour toutes celles et tous ceux qui éprouvent à minima des difficultés digestives après ingestion de gluten, pour d'autres personnes les conséquences sont bien plus importantes.
C'est pourquoi, manger sans gluten répond à des besoins spécifiques de santé de mieux en mieux identifiés.
1/ Et si les conséquences du gluten sur certains organismes avaient été pointés depuis bien longtemps déjà…
Dès le II ème siècle avant Jésus-Christ, il y a donc plus de 2000 ans, des symptômes de malabsorption alimentaire sont constatés et décrits par un médecin grec, Arétaeus de Cappadoce, qui publie le résultat de recherches sur des maladies aigues et chroniques. Il nommera cette maladie « Koilako » soit maladie de l’abdomen. C’est de là que la maladie cœliaque tirera son nom plus tard.
Il faudra attendre encore quelques années pour identifier le rôle du gluten dans ces pathologies. Le docteur et pédiatre Matthew Bailli commence à cerner la maladie cœliaque au 18ème siècle et oriente ses patients vers un changement de régime alimentaire, en l’occurrence une diète composée exclusivement de riz.
Ces travaux restent discrets. C’est en 1887 que Samuel Gee, pédiatre anglais, décrira précisément tous les symptômes que l’on connaît aujourd’hui et que l’on associe à la maladie cœliaque : les diarrhées, les ballonnements, les vomissements, la faiblesse musculaire, les dépressions, etc. Il pressent déjà que pour guérir, le patient devra changer de régime alimentaire.
S’en suivront d’autres travaux dans les années 50 qui permettront de comprendre les mécanismes de l’intolérance au gluten, notamment avec la thèse d’un pédiatre hollandais Willem K Dike. Il découvre fortuitement que certains enfants malades privés de pain pendant l’embargo lié à la guerre de 44, ont une santé qui s’améliore et qu’ils rechutent dès qu’on leur redonne cet aliment à manger. Il comprendra alors l’impact du gluten et mettra en place les premiers régimes sans gluten.
D’autres recherches comme celles de Charlotte Anderson, pionnière en gastro entérologie chez l’enfant montreront également le caractère nocif et toxique du gluten chez certains patients.
Grâce à tous ces travaux, on sait aujourd’hui que cette protéine peut impacter douloureusement et dangereusement certains organismes en fragilisant les parois intestinales.
2/ L’intolérance au gluten, ce n’est pas que dans la tête !
Il aura fallu quelques années mais les recherches ont permis d’affiner les mécanismes à l’origine des réactions au gluten. Aujourd’hui, il est clairement établi plusieurs types de pathologies liées au gluten : on peut être intolérant au gluten (et par conséquent souffrir de la maladie cœliaque), allergique (avec risque d’œdème de Quincke), ou hyper sensible avec des troubles invalidants (fatigue, nausées, maux de ventre, ballonnements, etc.).
Concernant la maladie cœliaque, on a découvert qu’il existait une prédisposition génétique. Si une personne est porteuse des gènes HLA-DQ2 ou HLA-DQ8, elle est susceptible de développer la maladie cœliaque. Mais ce n’est pas pour autant inéluctable. Il y a des facteurs déclencheurs qui s’ajoutent et qui ne sont pas encore tous clairement identifiés ; on soupçonne un choc émotionnel, un stress, un mode de vie ou encore une bactérie.
Ce que l’on sait également, c’est qu’une personne qui ne porte pas ces gènes ne sera jamais atteinte de la maladie cœliaque. En dehors de l’intolérance, force est de constater que de plus en plus de personnes ont un inconfort digestif régulier, des douleurs abdominales, des ballonnements, etc.
Ces symptômes sont souvent améliorés lorsque le gluten est réduit ou supprimé. Quant aux réactions allergiques, elles sont également de plus en plus fréquentes. Celle au gluten en fait partie sans que l’on sache non plus de façon précise pourquoi.
Il y a donc différentes raisons qui amènent chacun à manger sans gluten. Et dans ce contexte, les produits « gluten free » se sont largement développés ; un peu en France, mais aussi plus largement dans des pays comme l’Allemagne, l’Espagne ou encore l’Italie (pizzas et pâtes sans gluten indispensables culturellement !).
Les rayons de CALICOTE vous en présentent un vaste panel, tant sucré que salé. Mais attention au démarrage d’un régime tel que celui-ci. Il est important, avant toute suppression du gluten de connaître votre taux de réactivité à cette protéine. Pour cela, rapprochez-vous de votre médecin traitant qui vous prescrira une prise de sang dans un premier temps.
Les taux d’IGG et d’IGA vous préciseront s’il s’agit d’une sensibilité ou d’une réelle intolérance. Si le régime a déjà été engagé depuis un certain temps, les analyses ne seront pas révélatrices et vous risquez de passer à côté d’un suivi indispensable pour votre santé.
3/ Le blé dans l’alimentation : quel impact sur l’organisme humain ?
Même si l’on retrouve également du gluten dans le seigle et l’orge, voire l’avoine (si elle a été sujette à des contaminations croisées), le blé reste la céréale riche en gluten la plus présente dans notre alimentation.
Si l’on se replace dans l’histoire de l’évolution, le blé n’a pas toujours existé. Il a été introduit il y a environ 10 000 ans au moment de la révolution agricole, ce qui en en fait une céréale relativement récente. Auparavant, les hommes étaient « chasseurs-cueilleurs » et mangeaient des viandes maigres, des baies et des fruits. Quand le blé a intégré leur régime alimentaire, il a fallu que les organismes s’adaptent et apprennent à le digérer.
Plusieurs études sont en cours pour essayer de comprendre en quoi le blé et ses évolutions impactent (ou pas), la santé de nos intestins.
Elles analysent :
- l’évolution structurelle de la céréale.
Suite à de nombreuses hybridations, le blé ancien qui comportait 14 chromosomes en compte 42 aujourd’hui. Y a-t-il des conséquences sanitaires ?
- la concentration de gluten selon les différentes variétés.
Certains blés contiennent un taux de gluten plus élevé. Ils sont souvent privilégiés pour la panification car le gluten facilite la levée des pâtes ; les pains et les brioches ont ainsi une mie plus aérée et souple.
- l’évolution de nos habitudes alimentaires
Nous consommons beaucoup plus de produits industriels intégrant des farines de blé : pâtisseries, viennoiseries, pizzas, burgers, plats préparés, etc. De plus, il n’est pas rare de constater l’adjonction supplémentaire de gluten pur dans les préparations boulangères pour obtenir des pâtes encore plus gonflées.
-l’importance du levain
Ce dernier permet une prédigestion du gluten contrairement à une levure classique. Les pains au levain contiendraient donc un gluten plus facile à digérer même s’ils ne conviennent tout de même pas aux personnes sensibles, allergiques ou intolérants au gluten.
- d’autres process sont à l’étude
concernant la mouture, le pétrissage, la cuisson, la durée de fermentation, etc. pour comprendre l’impact de ces modes opératoires sur le taux de gluten et sa digestibilité.
Bouddha a dit : « L’homme sage est celui qui va bien de l’intestin ».
Les recherches actuelles continuent de pointer l’importance d’un intestin en bonne santé pour le bien être du corps et de l’esprit… Certains présentent l’intestin comme notre second cerveau…voire le premier !
Il est évident aujourd’hui que prendre soin de ses intestins n’est pas une mode mais bel et bien un gage de santé générale. Quel que soit le degré de réactivité au gluten, intolérance, allergie ou sensibilité, il est important d’y porter toute l’attention nécessaire, et si d’aucun pense encore qu’il ne s’agit que d’une mode… laissez-les dire !